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dimanche 18 décembre 2011

Sosthène Munyemana mis en examen

Le Dr. Sosthène Munynemana a été mis en examen pour génocide et crime contre l'humanité, et placé sous contrôle judiciaire, le 16 Décembre 2011. Des soupçons pèsent sur son implication dans le génocide des Tutsi de 1994, au Rwanda.

M. Munyemana était alors médecin à Butare. Une plainte a été déposée contre lui en 1995, au parquet de Bordeaux. Le dossier a ensuite été transféré à Paris en 2001; Munyemana était fiché par Interpol depuis 2006, suite à l'émission d'un mandat d'arrêt international par les autorités de Kigali. Malgré ces soupçons, et le fait que M. Munyemana se soit vu refuser le droit d'asile en France en 2008, il a pu exercer sa fonction de médecin dans un hopital de Villeneuve-sur-Lot.

Le Collectif Girondin pour le Rwanda, excédé par la lenteur de la justice à traiter cette affaire, a eu le malheur de manifester devant ce même hopital le 30 Janvier 2010. M.Munyemana déposa alors une plainte contre l'association Cauri et trois manifestants pour atteinte à la présomption d'innocence. La justice française fut alors bien plus prompte à traiter cette affaire puisque le 8 Novembre dernier, elle condamna ces militants.

Si le Collectif Girondin pour le Rwanda a perdu cette bataille devant les tribunaux français, la mise en examen de M.Munyemana constitue une avancée dans sa lutte pour que lumière soit faite sur l'implication de cette personne, et d'autres personnes résidant en France, dans le génocide des Tutsi et Hutus modérés.

Lettre ouverte concernant la position de l’Etat français vis-à-vis du gouvernement gabonais

Monsieur le Ministre,

Le Gabon organise des élections législatives le 17 décembre 2011. Notre association, Survie, tient à vous alerter sur la situation qui prévaut à quelques jours de ces élections, concernant la préparation des élections et, plus largement, la situation sociale et politique.

Ali Bongo a été déclaré président suite à l’élection présidentielle de 2009, alors même que de nombreuses voix et observateurs internationaux ont souligné les fraudes massives du scrutin et l’absence de transparence des résultats. Depuis cette élection extrêmement contestée, la façon de gouverner d’Ali Bongo ne se différencie guère de la politique dictatoriale de son père. Les structures institutionnelles n’ont guère évolué et de l’Assemblée nationale au Sénat, en passant par la Cour constitutionnelle, le Conseil national de la communication et la Commission électorale autonome et permanente, le parti au pouvoir règne en maître absolu.

Depuis 2009 et plus particulièrement cette dernière année, de nombreuses personnalités de la société civile, de partis d’opposition et même du parti au pouvoir [1], dénoncent cette situation. Elles insistent, entre autres, sur le changement de constitution qui a arrogé de très nombreux pouvoirs au chef de l’Etat, et ne permet ni l’indépendance de la justice, ni le contrôle démocratique des forces militaires. Ces acteurs soulignent également le manque de transparence autour du processus électoral pour les élections législatives à venir.

Depuis sa création en février 2011, le mouvement « Ça suffit comme ça ! » qui regroupe de très nombreux acteurs des syndicats, d’ONG, des personnalités politiques ainsi que des membres des différentes confessions, réclame la démocratie et dénonce des institutions au service exclusif du clan Bongo et du pouvoir.

Ce mouvement appelle à boycotter ou refuser les élections législatives, reprochant l’absence certaine de transparence du processus électoral et l’absence de prise en compte de leurs revendications. La démocratie suppose, en effet, des institutions fortes qui reflètent la pluralité des acteurs de l’expression démocratique gabonaise. Les principaux partis d’opposition, le MESP de Mwang Mbanding, la majorité des cadres de l’UPG dont le leader Pierre Mamboundou vient de décéder, et les candidats de l’Union National – parti interdit et dirigé par Mba Obame – refusent de se prêter au jeu de ces élections.

Face à ces mouvements sociaux et politiques, Ali Bongo et son gouvernement refusent tout dialogue, font pression sur les individus et les partis d’opposition, n’hésitent pas à licencier des fonctionnaires, et utilisent la répression policière et militaire – comme ce fut le cas à Port-Gentil en septembre 2009, en contestation du résultat officiel des élections, où de nombreux morts ont été dénombrés [2].

Le gouvernement français avait légitimé l’élection d’Ali Bongo en août 2009 en reconnaissant le prétendu vainqueur. Le secrétaire d’Etat à la Coopération de l’époque, Alain Joyandet, avait repris le 15 octobre 2009 à Libreville l’affirmation selon laquelle « le déroulement du scrutin comportait certes quelques faiblesses, mais en tout état de cause, ça ne pouvait pas remettre en cause la validité dudit scrutin ». L’exécutif français poursuit depuis d’excellentes relations avec le gouvernement gabonais, comme l’illustrent diverses visites d’Ali Bongo à l’Elysée ou du Président de la République et du Premier Ministre français au Gabon. Ces relations sont de plus marquées par les très lourds soupçons de financement occulte alimentés par les déclarations récentes de Messieurs Bourgi, Bonnecorse et Jocktane, par les pressions politiques sur l’affaire judiciaire des Biens Mal Acquis, ou encore par le refus injustifiable de laisser entrer sur le territoire français un militant d’ATTAC Gabon pourtant détenteur d’un visa, juste au moment d’une tournée en Europe d’Ali Bongo, fin octobre. Il faut dire que le gouvernement français actuel ne cache pas l’importance stratégique de sa relation avec le Gabon, notamment sur le plan militaire, puisque le pays est le « premier point d’ancrage de nos forces pré-positionnées sur la façade atlantique du continent », comme l’indique sans ambages le site internet du Ministère des Affaires Étrangères.

A l’heure où les révolutions en Tunisie, en Egypte ou en Syrie montrent qu’il n’est plus possible de soutenir des dictateurs contre leur peuple, et où votre gouvernement dit s’engager pour la démocratie, les droits humains et la transparence des élections comme gage de démocratie, nous vous demandons d’être cohérent entre vos déclarations et vos actes, et de cesser de bafouer ces principes lorsqu’il s’agit des pays issus des anciennes colonies françaises d’Afrique.

Monsieur le Ministre, vous devez opérer un réel changement dans votre politique vis-à-vis du Gabon. La France ne doit pas freiner les changements politiques en cours chez ses alliés, au moment où des peuples essaient de conquérir leur démocratie.

Nous invitons la diplomatie française à cesser de cautionner le régime actuellement en place au Gabon, notamment en cessant de valoriser son rôle au niveau international ou aux Nations Unies, et à interpeller Ali Bongo et son gouvernement sur la situation de la démocratie au Gabon. Nous vous demandons notamment de faire savoir votre préoccupation concernant la tenue d’élections législatives préparées sans transparence et sans respect des engagements pourtant pris par l’Etat lui-même vis-à-vis des diverses composantes politiques et de la société civile en mai 2011.

Il nous semble primordial que la diplomatie française, qui se dit sensible aux aspirations des peuples, prenne publiquement ses distances avec Ali Bongo tant que n’auront pas été organisées des élections reconnues comme libres et transparentes par les diverses composantes sociales et politiques gabonaises, dont, notamment, le mouvement « Ca suffit comme ça ! ».

Veuillez croire, Monsieur le Ministre, en l’expression de notre considération.

L’association Survie

[1] C’est le cas des député Paulette Oyane Ondo et Jean Christophe Owono, suspendus du parti présidentiel suite à ces prises de position.

[2] Trois morts, selon le parti au pouvoir ; 22 selon le journal « L’Union », réputé proche du pouvoir ; 57 selon l’opposition.

L'édito de Billets d'Afrique et d'ailleurs (13 décembre 2011)

Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
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Deux grandes dames


« Les gens admirables en qui le système se personnifie sont bien connus pour n’être pas ce qu’ils sont ; ils sont devenus grands en descendant au-dessous de la réalité de la moindre vie individuelle. »
Guy Debord La société du spectacle.
Deux grandes dames, une même sensibilité aux douleurs de ce triste monde : c’est ce que révèle la photo de l’accueil de Danielle Mitterrand par Chantal Biya, le 1er avril 2008, dans le salon oriental du Palais de la présidence du Cameroun, un mois après que la répression de manifestations d’opposition eût fait 150 morts dans les villes camerounaises. Pendant qu’on jugeait en masse les fauteurs de désordre, la fête ne fut pas troublée.

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Danielle Mitterrand par Chantal Biya, le 1er avril 2008 au Palais de la présidence du Cameroun
C’est au titre de sa fondation France-Libertés que Danielle Mitterrand est alors au Cameroun, celle-ci soutenant, paraît-il, la création à Douala d’une école d’ingénieurs par un cadre d’Alcatel. Surtout, son combat pour l’accès à l’eau imposait sans doute un passage par le palais de Biya, voie d’accès traditionnelle à toutes sortes de liquide pour nos politiciens français.
Comme c’est commode ces fondations de premières dames, d’anciens présidents et autres notabilités. A quoi servent-elles ? Le rapport de France-Libertés pour 2010 tient en six petites pages, photos incluses, pour un budget de 1 193 365 euros. Mais foin de ces préoccupations bassement matérielles puisque, comme chacun sait, ces fondations ne poursuivent qu’un but : le bien. La Fondation Chantal Biya se consacre à la lutte contre le sida, quand France Libertés « défend activement les Droits de l’homme ». Les médias ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, tous saluant d’une seule voix l’intransigeante vertu de la grande conscience socialiste, l’intrépide rebelle qui, faisant fi des périls, défendait avec un courage inouï la cause du peuple tibétain et celle des Indiens du Chiapas.

Aux méchants, qui l’accusent d’avoir méprisé les exigences de la realpolitik, nous opposons le démenti le plus ferme, et nous ajoutons le plus méprisant : on ne l’a jamais vue au côté des opposants aux terribles dictatures installées depuis des décennies en Afrique subsaharienne – demander la libération de Mandela après que tout le show bizness anglosaxon se fut rallié à la cause anti-apartheid était bien le moins de la part de notre première dame. Elle n’est pas allée jusqu’à exiger la vérité sur l’assassinat, le 29 mars 1988, de Dulcie September, représentante de l’ANC à Paris. On ne l’a jamais surprise à soutenir le peuple ogoni dans sa lutte contre les compagnies pétrolières qui ravagent le delta du Niger, ni à se faire photographier aux côtés de leur leader Ken Saro Wiwa ; on ne l’a jamais entendue s’élever contre le pillage du Niger par Areva et l’empoisonnement des enfants touaregs par les déchets de l’uranium, jamais elle ne se hasarda à « défendre activement les droits » des hommes qui ont le mauvais goût de vivre et de mourir dans les zones où la France a planté ses griffes. Demandez donc aux rescapés du génocide des Tutsi en 1994 ce qu’ils pensent de notre rebelle nationale.

Bien loin de placer parfois son mari « dans des positions diplomatiques délicates », comme d’aucuns le prétendent, elle constituait au contraire un élément clé de sa diplomatie. Pendant que Mitterrand père et fils soutiennent le régime génocidaire du Rwanda, France libertés fait diversion en « dénonçant le sort tragique des populations kurdes ».
N’est-ce pas au fond ce rôle-là surtout que partagent nos grandes dames ? Quand ces messieurs repeignent l’Afrique en rouge sang, ces dames arpentent le trottoir des bons sentiments où elles exhibent leur gros coeur dans de nobles causes photogéniques et inoffensives.

Voilà pourquoi, faisant fi des censeurs, il faut oser affirmer qu’en ce 1er avril 2008, sur le canapé rouge du salon oriental de Mme Biya, Danielle Mitterrand était bien à sa place : l’ex-première dame de la Françafrique passant le flambeau à son émule.

Odile Tobner

lundi 12 décembre 2011

Survie est l’une des rares associations françaises engagées contre le néocolonialisme en Afrique. Soutenons-la!

A rebours de toutes les déclarations qui voudraient faire passer la Françafrique pour de la vieille histoire, les évènements de 2011 ont hélas à nouveau prouvé combien notre combat est nécessaire : l’aide proposée par Michèle Alliot-Marie au dictateur Ben Ali en Tunisie, l’impérialisme militaire français décomplexé en Côte d’Ivoire, les "révélations" de Bourgi sur les mallettes d’argent africain qui inondent la vie politique française, le scandale de l’élection présidentielle camerounaise labellisée "acceptable" par la diplomatie française, etc... Plus que jamais, nous avons besoin du poids politique et des moyens financiers que nous offrent vos dons et adhésions pour faire avancer le combat contre la Françafrique ! Luttez contre la Françafrique, soutenez Survie !


Des défis importants en 2012

En 2011, Survie a poursuivi sans relâche son travail d’information, d’interpellation, de mobilisation et de recherche, pour exiger une réforme de la politique française en Afrique et porter un discours critique indispensable sur l’actualité (Côte d’Ivoire, Cameroun, etc.) grâce à l’action de ses groupes locauxet à travers ses multiples partenariats. Ce travail s’est accompagné d’une réflexion sur le fonctionnement interne de l’association, pour garantir et renforcer son efficacité et sa démocratie. Plusieurs défis et événements importants nous attendent en 2012, dans un contexte électoral qui implique une forte mobilisation de notre association pour peser dans les décisions et les débats publics. Les chantiers et activités prévues pour l’année qui s’annonce s’inscrivent dans les priorités définies lors de la dernière Assemblée Générale : renouveler et renforcer notre recherche sur la Françafrique (avec la création envisagée d’un poste salarié spécifique pour l’animation du travail de recherche), renforcer la mobilisation et l’adhésion des citoyens à notre combat (grâce à une campagne de mobilisation et d’interpellation des citoyens et décideurs politiques pour exiger la fin du soutien aux dictatures), développer nos partenariats. La publication en février d’un Dossier noir sur Areva en Afrique et sa promotion grâce à la mobilisation de nos 25 groupes locaux, sera un autre temps fort de cette année à venir. Deux autres Dossiers Noirs sont également programmés dans les prochains mois.

Des besoins financiers pour mener à bien ces projets


Sur un plan financier, notre situation est toujours précaire. L’association dépend pour l’essentiel des contributions de ses adhérent-e-s et de ses donateur-rice-s, garantes de son indépendance et de sa liberté de ton (les aides sur les contrats salariés, seul argent public que nous recevons, sont par ailleurs en forte baisse). Il est un poste de dépense que nous ne pouvons diminuer, tant il est important pour la réussite de nos activités : l’équipe salariée. Déjà réduite à trois personnes au lieu de cinq en janvier 2011, l’équipe fait face depuis plusieurs mois à une importante surcharge de travail. Au vu des activités prévues en 2012, il est capital de la renforcer pour qu’elle continue d’assumer son rôle d’animation et de coordination, aux côtés et au service des 1700 adhérent-e-s et des centaines de militant-e-s actif-ve-s de l’association qui font de Survie une association dont le volume d’activités militantes est considérable si on le rapporte à ses moyens. Ces moyens, il faut assurer leur pérennité. C’est la raison pour laquelle nous profitons de cette fin d’année pour vous inviter à soutenir Survie et vous rappeler les dispositions fiscales liées aux dons.


Luttez contre la Françafrique ! Soutenez Survie !

Nous vous invitons donc, dans la mesure du possible, à effectuer un don qui vous permettra d’une part d’atteindre la contribution que vous voulez effectivement apporter à Survie, et d’autre part de renforcer les finances de l’association et lui permettre de poursuivre ses combats en 2012. Grâce à vos dons et à vos adhésions, la portée du message de Survie et l’impact de ses revendications seront renforcés dans le contexte de la présidentielle française. En plus de pérenniser les finances de l’association, votre contribution et/ou votre adhésion augmentera considérablement notre poids politique en 2012. Faites adhérer des personnes autour de vous sensibles aux idées de Survie, et aidez nous ainsi à atteindre notre objectif : + de 2000 adhérent-e-s pour lutter contre la Françafrique !


vendredi 9 décembre 2011

Le 6 Décembre 1961 mourrait Frantz Fanon

Le 6 décembre 1961, Frantz Fanon décédait à Paris. Cinquante ans plus tard, son oeuvre reste vivante, et d'un intérêt certain... particulièrement en-dehors de la France. En effet, il s'avère que de nombreux universitaires étrangers s'intéressent à ses écrits, alors que les classes bien pensantes françaises ont suivi le mouvement donné par la classe politique: "Fanon? Connaît pas." Ainsi, son dernier ouvrage, "Les damnés de la terre", fut-il censuré à sa sortie, en 1961. Un ouvrage dans lequel Fanon avait jeté ses dernières forces afin de laisser en lègue un sentiment de révolte et d'indignation face à l'oppression subies par les pays et les classes pauvres, et faisant une analyse détaillée du rapport dominants-dominés.

Fanon était un psychiatre d'origine martiniquaise. Après avoir étudié à Lyon, il se rend en Algérie en 1953, travaillant dans une division de l'hôpital psychiatrique de Blida. De son expérience lyonnaise, il vivra le racisme dans sa chaire, et ne cessera de lutter, par la suite, contre toute forme de mépris et de discrimination. Il n'hésitera donc pas à s'engager aux côtés de la résistance nationale, ne supportant pas le colonialisme. En tant que psychiatre, il expliquera dans "Peau noire, masques blancs", d'une façon remarquable l'impact que la colonisation a pu avoir sur le inconscient du dominant, et sur celui du dominé; il expliquera comment des années d'asservissement réussissent à dépecer un homme de ses repères, de ses valeurs, comment une image négative de l'"indigène" est construite et persiste dans le culture du dominant.


Mais si l'on a voulu trop souvent représenté Fanon comme une personne belliqueuse, défendant uniquement l'Homme noir, Frantz Fanon reste à jamais, un homme révolté, empli de convictions et de forces. Dans la conclusion de Peaux noirs, masques blancs, il dira:
"Si à un moment la question s'est posée pour moi d'être effectivement solidaire d'un passé déterminé, c'est dans la mesure où je me suis engagé à combattre de toute mon existence, de toute ma force, pour que plus jamais il n'y ait sur la terre, de peuples asservis. [...] En tant qu'homme, je m'engage à affronter le risque de l'anéantissement pour que deux ou trois vérités jettent sur le monde leur essentielle clarté. [...] Chaque fois qu’un homme a fait triompher la dignité de l’esprit, chaque fois qu’un homme a dit non à une tentative d’asservissement de son semblable, je me suis senti solidaire de son acte"