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vendredi 24 février 2012

Soutien aux peuples en lutte : au Sénégal comme ailleurs, la France doit cesser son aide au "maintien de l’ordre"

Survie relaye ce communiqué d’Attac France, dont l’association Survie est membre.

ATTAC France tient à exprimer sa solidarité à l’égard du large mouvement populaire au Sénégal. Par sa résistance et la constance de sa mobilisation, le peuple sénégalais montre qu’il ne se laissera pas confisquer sa souveraineté par la mascarade électorale que tente d’imposer Abdoulaye Wade.

Plus largement, cela démontre, si besoin était, que l’exaspération face à des pouvoirs illégitimes et l’aspiration à une véritable démocratie dépassent les pays du Maghreb et du Machrek, et s’expriment indépendamment de l’agenda politique des grandes puissances occidentales. Alors que celles-ci prétendent exporter la démocratie par la guerre en Côte d’Ivoire ou en Libye, leur attitude face au hold-up électoral du Président Wade dira si elles continuent de fermer les yeux tant que le régime est un allié de leurs intérêts économiques.

La France est particulièrement concernée par ce qui se passe au Sénégal, comme partout en Afrique francophone, puisque dans le cadre de sa coopération militaire et policière, scellée par un accord en cours de renégociation, elle contribue à équiper et former les unités qui répriment actuellement les manifestations. À l’occasion de la semaine anticoloniale et d’une campagne présidentielle dont ces questions sont absentes, il est urgent de le dire et de le répéter : Paris doit rompre toute coopération militaire avec des régimes illégitimes, et cesser toute présence et intervention militaire extérieure en dehors de mandats d’une ONU réformée, qui ne sera plus instrumentalisée par les grandes puissances.

Celles-ci doivent maintenant se positionner publiquement : reconnaîtront-elles la "victoire" de Wade dans de telles conditions ?
Comme lors de la tenue du forum social mondial à Dakar (février 2011), la solidarité entre les peuples doit l’emporter.

Le 13 mars : Ciné-débat autour du film "Thomas Sankara, l'homme intègre"

L'asstech, l'association des étudiants en Carrières Sociales de la filière Gestion du Développement et de l'Action Humanitaire (IUT Michel de Montaigne, Bordeaux 3) organise la projection du documentaire

"Thomas Sankara, l'homme intègre

suivie d'une rencontre débat avec :

- Comi Toulabor, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques et membre du LAM (Les Afriques dans le Monde, anciennement CEAN),  

- Survie Gironde  

- Corneille Onadja, étudiant burkinabé en Carrières Sociales GDAH.

A travers l'exemple du Burkina Faso, il s'agira de faire la démonstration que l'absence de démocratie dans les anciennes colonies françaises africaines n'est pas une fatalité mais bien le résultat d'une volonté commune de la part d'élites françaises et africaines, politiques et économiques.
Nous partirons donc de l'exemple du Burkina Faso pour dénoncer le système Françafrique dans son intégralité.




Thomas SANKARA - Une Homme Integre par raisonnez

Cette projection-débat gratuite aura lieu le mardi 13 mars à 18h30, à l'amphi 1 de l'IUT Michel de Montaigne (proche de la gare Saint Jean) : voir plan ici.



Semaine anti-coloniale et antiraciste: faîtes votre choix!

La semaine anti-coloniale et anti-raciste a lieu, partout en France, du 23 Février au 11 Mars. Survie y participe, avec de nombreuses associations (une projection-débat aura lieu à l'Utopia le 10 mars).

Comme chaque année, nous vous encourageons à participer à cet évènement. Et comme chaque année, les collectifs présents vous permettent d'élire les personnalités qui vous le plus marquées cette année, sur les sujets épineux du racisme et du colonialisme.

Ainsi, dans la catégorie Colonialiste de l'année, les nominés sont:
  • Arno Klarsfeld,
  • Claude Guéant,
  • La droite populaire,
  • Quelques députés UMP
  • Richard Prasquier
  • Jean-Jacques Jordi
Et dans la catégorie prix Françafrique:
  • Paul Biya
  • Amesys
  • le Général Tauzin
  • Alain Juppé
  • BNP Paribas
  • la Force Licorne
Malgré l'absence de certains noms dans ces listes, n'hésitez pas à faire connaître vos choix, en votant ici.

France-Rwanda: Silence, la justice fait son travail

Le tribunal de Paris devait examiner cette semaine la demande d'extradition de Hyacinthe Nsengiyumva Rafiki, un ancien ministre rwandais que Kigali accuse de participation au génocide. L'intéressé avait été interpelé l'an dernier en vertu d'un mandat d'arrêt rwandais de 2008, puis placé en liberté sous contrôle judiciaire. Mais la justice a perdu son dossier d'extradition. Cette situation, même si elle n’est pas inédite, est tout de même très rare, et tombe au plus mal, vu le contentieux entre Paris et Kigali au sujet des présumés génocidaires installés en France.

Lire la suite sur rfi.fr

CI: l'enquête de la CPI étendue aux crimes commis depuis 2002

Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, a vu son mandat en Côte d’Ivoire étendu aux crimes commis entre le 19 septembre 2002 et le 28 novembre 2010.

L’enquête de la Cour pénale internationale (CPI) en Côte d’Ivoire va être étendue aux « crimes qui auraient été commis entre le 19 septembre 2002 et le 28 novembre 2010 », ont annoncé les juges de La Haye dans un communiqué publié jeudi 23 février sur le site de la CPI.
Le 19 septembre 2002 coïncide avec la tentative de coup d'État contre l'ancien président Laurent Gbagbo. Le procureur de la CPI Luis Moreno-Ocampo avait plusieurs fois demandé aux juges l’autorisation d’enquêter sur des crimes relevant de la compétence de la Cour s'étant déroulés depuis cet événement. « Il existe une base suffisante pour conclure que des attaques généralisées et systématiques contre la population civile supposée soutenir les rebelles ont été commises à la suite de la tentative » de coup d'État, ont ainsi indiqué les juges.
Luis Moreno-Ocampo était jusqu’à présent autorisé à enquêter sur les exactions commises par les camps de Laurent Gbagbo et du président Alassane Ouattarala lors de crise qui a suivi l'élection présidentielle d'octobre-novembre 2010.
Soupçonné d'être coauteur indirect de crimes contre l'humanité commis par ses forces lors de la crise postélectorale, Laurent Gbagbo est incarcéré depuis le 30 novembre 2011 à la Haye. L’audience de confirmation des charges a été fixée au 18 juin 2012. Mais c'est désormais sur le camp Ouattara - et en premier lieu sur l'actuel Premier ministre Guillaume Soro - que pèse l'épée de Damoclès de la CPI.


Lire l'article sur Jeuneafrique.com : Côte d'Ivoire : l'enquête de la CPI étendue aux crimes commis depuis 2002 | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

jeudi 23 février 2012

Rwanda: la pilule Juppé n'est toujours pas passée

Le réchauffement diplomatique entre la France et le Rwanda ne semble pas encore totalement accompli. Entre la visite de Sarkozy au Rwanda, et la venue de Kagamé à Paris, puis l'enquête du juge Trévidic concernant l'attentat ayant servi de détonnateur au génocide de 1994, les rapports entre les deux pays (ou plutôt leurs dirigeants...) semblaient reprendre des couleurs. Il semble pourtant que Kigali ait encore du mal à digérer la nomination d'Alain Juppé au Quai d'Orsay.
Ce dernier s'est en effet toujours attaqué au rapport rwandais de 2008 incriminant les dirigeants Français en place en 1994, dans le drame du génocide. Juppé était alors (ou déjà) ministre des affaires étrangères; il a toujours nié toute responsabilité de l'Etat français et est depuis longtemps vu comme un farouche ennemi par Kagamé et ses proches. Lors de la venue de ce dernier à Paris, Juppé était d'ailleurs en déplacement... histoire d'éviter une confrontation directe? de mettre en scène ce fameux rapprochement tant espéré par Sarkozy?



Dernier évènement en date: Kigali a refusé la nomination d'Hélène Le Gal à l'ambassade française au Rwanda, sous prétexte que cette dernière serait trop proche du maire de Bordeaux.
Il est parfois délicat de se délester d'un passé trop lourd.

Plus d'informations sur Jeune Afrique, Le Monde et France TV

mercredi 15 février 2012

Samedi 10 mars à 14h30 : Projection-débat à l'Utopia de "Françafrique"


Survie Gironde et le collectif D'ailleurs Nous Sommes d'Ici 33 organisent, dans le cadre de la semaine anticoloniale et antiraciste, le samedi 10 mars à 14h30 au cinéma l'Utopia (place C. Jullian à Bordeaux) la projection, suivie d'un débat, du documentaire Françafrique de Patrick Benquet.


La françafrique d'hier à aujourd'hui : les relations occultes entre dirigeants français et africains, le soutien inconditionnel aux dictatures africaines privilégiant les intérêts des entreprises françaises, les flux financiers entre l'Afrique et l'Europe, la corruption qu'ils engendrent de part et d'autre, les décisions prises dans le mépris le plus total des populations africaines, les causes souvent politiques qui se cachent derrière la pauvreté généralisée et les guerres sur le continent africain.

Françafrique, documentaire en deux parties de Patrick Benquet, suivi d'un débat avec Comi Toulabor, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques, membre du LAM (Les Afriques dans le Monde, anciennement CEAN), ancien rédacteur en chef de la revue Politique africaine.

Première partie : La raison d'État
Écrit et réalisé par Patrick Benquet
France 2010 80mn VF et VOSTF

Seconde partie : L'argent roi
Écrit et réalisé par Patrick Benquet
France 2010 80mn VF et VOSTF

Pour comprendre, par exemple, l'intervention d'Alain Juppé à l'Assemblée nationale en octobre 2011, dans laquelle il jugeait « acceptable » la mascarade électorale organisée par le président camerounais Paul Biya, il ne suffit pas de constater la proximité des deux hommes, il faut se pencher sur l'histoire des relations franco-africaines depuis les indépendances jusqu'à nos jours. C'est ce que fait Patrick Benquet dans son documentaire en deux parties.

Dans le premier volet, intitulé La raison d'État, nous découvrons la manière tragique dont les plus hauts représentants de l'État français décident de gérer l'accession à l'indépendance des colonies africaines. Assassinats des leaders indépendantistes s'opposant aux intérêts français, organisation d'élections truquées, composition par la diplomatie et les services secrets français des gouvernements africains, envoie de mercenaires pour déstabiliser les régimes peu compliants... Benquet nous montre surtout comment, derrière un discours d'apparence démocratique, les décisions prises visent principalement à préserver l'accès aux réserves énergétiques des anciennes colonies, ceci quelles qu'en soient les conséquences pour les populations locales. Il nous montre aussi la manière occulte dont sont mises en œuvre ces décisions, souvent sans en informer les circuits officiels, par le simple relais d'hommes de l'ombre dont Jacques Foccart reste la figure emblématique.
Le second volet, L'argent roi, présente la thèse d'une modification radicale et récente des relations franco-africaines. Dans le débat, Comi Toulabor et des membres de Survie Gironde apporteront certains éléments occultés par ce second volet et contesteront certainement la thèse présentée afin de nous amener à réfléchir sur ce qu'est aujourd'hui la françafrique. L’année 2011 a notamment vu éclater le scandale de la proposition de soutien militaire au dictateur Ben Ali. Les ingérences problématiques menées au nom de la démocratie en Côte d’Ivoire ou encore en Libye, dont le pétrole intéresse grandement Total, sont à mettre en parallèle avec le soutien apporté à des régimes ouvertement despotiques, comme ceux du Cameroun ou du Congo Brazzaville où prospèrent les grandes entreprises françaises. Ces faits semblent conforter l’idée que les acteurs et les mécanismes mis en jeu, loin de remettre en cause l’ordre colonial, tendent seulement à le renouveler.

En vue de l’élection présidentielle à venir, il est primordial de se saisir de la question des rapports qu'entretiennent les dirigeants français et africains, et de réfléchir ensemble à ce que nous souhaitons les voir devenir.


samedi 11 février 2012

16 Février: Sortie du livre "Areva en Afrique (Une face cachée du nucléaire français)"

Contrecarrant « le mythe de l’indépendance énergétique de la France grâce au nucléaire », puisque l’uranium alimentant le nucléaire civil et militaire provient depuis longtemps et pour une large part du sous-sol africain, Raphaël Granvaud détaille les conditions dans lesquelles la France et Areva se procurent un uranium au meilleur coût, au prix d’ingérences politiques et de conséquences environnementales, sanitaires et sociales catastrophiques pour les populations locales.

Dans un contexte international d’intensification de la concurrence sur le continent africain, mondialisation capitaliste oblige, Areva obtient un tiers de son uranium au Niger, qui reste pourtant en dernière position du classement des pays selon leur indice de développement humain.


L’entreprise a toujours pu compter sur l’aide active des représentants officiels de l’État français, mais aussi sur l’appui des réseaux les moins ragoûtants de la Françafrique pour sauvegarder son droit de pillage, en échange de leur soutien politique et militaire aux régimes autoritaires amis. L’auteur dévoile enfin les efforts considérables d’Areva pour que les différents éléments de cette réalité et de sa stratégie de dissémination nucléaire ne viennent pas ternir une image de marque qu’elle voudrait immaculée, alors que « l’Afrique sera dans les années à venir le coeur de [son] activité ».

Membre de l’association Survie, Raphaël Granvaud est l’auteur de "Que fait l’armée française en Afrique?" (Agone, 2010).



Areva en Afrique mythe de l'indépendance... von survie-media

jeudi 9 février 2012

Du 05 au 10 mars : semaine anticoloniale et antiraciste, organisée par d'Ailleurs nous sommes d'ici 33

Du 05 au 10 mars prochain, le collectif D'ailleurs Nous Sommes d'Ici 33, dont Survie Gironde est membre, organise une semaine anticoloniale et antiraciste.

En voici le programme :

Lundi 5 mars à 20h : « Le Tribunal Russell confirme : Israël est coupable du crime d'apartheid ».
Rencontre-débat animée par Geneviève COUDRAIS qui était au Cap (Afrique du Sud) pour cette 3ème session du Tribunal sur la Palestine.
À la Salle des Éclaireurs (proches de la cité de Thouars) à Talence.
Organisé par l’UJFP Aquitaine.

Mardi 6 mars à 18h30 :
« Les apports de l’immigration ».
Rencontre-débat.
Le Rocher de Palmer.
Organisé par la LDH Gironde, l’ASTI Bordeaux, le CRAN Bordeaux et la CIMADE Bordeaux.

Mercredi 7 mars à 17h30 :
« Le contrôle au faciès ».
Flash mob. En centre-ville.
Organisé par le MJS Gironde.
Mercredi 7 mars à 20h00 :
Conférence-débat animé par Stéphane JUGNOT, statisticien et économiste, sur « Emploi et migration ».
À l’Athénée Municipal.
Organisé par AC ! Gironde.

Jeudi 8 mars à 20h : « La lutte pour la régularisation de Guilherme Hauka-Azenga ».
Projection-débat à partir des extraits du documentaire de Manon Loizeau sorti en 2011, L’Immigration aux frontières du droit. Animée par Bertrand GAUDILLIÈRE, photographe qui a suivi la mobilisation et publié en 2011 à ce sujet le livre Des chiffres, un visage (éditions Libel), et RESF 33. 
À La Maison cantonale.
Organisé par le NPA 33 et RESF 33.

Samedi 10 mars à 14h : Projection-débat autour du documentaire Françafrique.
Animée par Comi TOULABOR, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques.
À L’Utopia.
Organisé par Survie Gironde.

SIGNATAIRES LOCAUX DE DNSI 33 :
AC ! Gironde, Aides Gironde, Association Mana, Asti Bordeaux, ATTAC 33, Cimade Bordeaux, CRAN Bordeaux, Collectif pour l’égalité des droits, Collectif Stop Expulsions, Europe Écologie les Verts 33, FSU 33, Gauche Unitaire 33, La Clé des Ondes, LDH Gironde, MJS Gironde, NPA 33, Parti de gauche 33, PCF Gironde, RESF 33, Solidaires 33, SOS-Racisme 33, SUD-Étudiant, Survie Gironde, UJFP Aquitaine, UNEF Bordeaux, Utopia Gironde.

Site internet : http://dailleursnoussommesdici.org/

Denis Sassou Nguesso à Paris : les dictateurs sont toujours les bienvenus à l’Élysée

À quelques mois de l’élection présidentielle française et des élections législatives au Congo-Brazzaville prévues à l’automne 2012, la réception par Nicolas Sarkozy de Denis Sassou Nguesso le 8 février vient rappeler les liens complaisants que les autorités françaises continuent d’entretenir avec les dictatures françafricaines. Au pouvoir de 1979 à 1992 et depuis 1997, avec l’appui d’Elf et de l’État français, le régime du président du Congo Brazzaville a toutes les caractéristiques d’un régime dictatorial tels que ceux avec lesquels Nicolas Sarkozy avait promis de rompre en 2007, puis en 2011, suite au renversement de Ben Ali en Tunisie.
Le règne de Sassou Nguesso se caractérise par le crime, la corruption, la violation des droits humains, le détournement des ressources du pays au profit du clan présidentiel ce qui n’empêche pas l’Ambassade de France d’afficher ostensiblement sur son site que « la France entretient depuis toujours des relations privilégiées de coopération avec la République du Congo et se place aujourd’hui au premier rang des bailleurs de fonds bilatéraux présents dans le pays. »
En effet, pour son retour au pouvoir en 1997 Sassou Nguesso avait programmé et exécuté des massacres de populations civiles, plongeant le pays dans une guerre dont l’un des épisodes est toujours en procédure devant la justice française : l’affaire des « disparus du Beach ». Denis Sassou Nguesso est aussi parmi les chefs d’État visés par la procédure judiciaire sur les « Biens Mal Acquis ». Cette affaire met en lumière le patrimoine considérable acquis grâce aux détournements de fonds publics, avec la complicité d’acteurs français. Les déclarations récentes de l’avocat Robert Bourgi rappellent d’ailleurs, quelques années après l’affaire Elf, que cette manne aurait grandement alimenté la vie politique française. Cette visite officielle du dictateur congolais est aussi une insulte à la mémoire du journaliste franco-congolais Bruno Ossébi, vraisemblablement assassiné en février 2009 à Brazzaville, en raison de son travail sur la corruption et les « Biens Mal Acquis » [1]. La Coalition Congolaise Publiez Ce Que Vous Payez (PWYP Congo) reste très critique sur l’absence de transparence sur les revenus du pétrole congolais [2].
En 2009, deux personnalités de l’UMP, Jacques Toubon et Patrick Gaubert, ont apporté leur caution à la mascarade électorale au cours de laquelle Sasou Nguesso a été « réélu », ce qui est une manière de soutenir ce régime « stable » qui a toujours permis la bonne implantation des grandes entreprises françaises au Congo Brazzaville (telles que le pétrolier Total ou le groupe Bolloré, qui a obtenu la même année la concession du port de Pointe-Noire pour une durée de 30 ans).
Survie et la Fédération des Congolais de la Diaspora (FCD) dénoncent cette visite et demandent aux autorités françaises :
  • la fin du soutien au régime dictatorial de Denis Sassou Nguesso et aux autres dictatures en Afrique
  • la dénonciation des élections factices visant à maintenir les dictateurs
  • l’arrêt des pressions politiques au travers du Parquet dans l’affaire des Biens Mal Acquis
  • le gel des avoirs illicites des dictateurs et le renforcement des mécanismes préventifs
  • le soutien à l’exigence d’une enquête véritable sur la mort de Bruno Ossébi
  • l’arrêt de toute coopération militaire, policière et la suppression des partenariats de Défense avec les régimes dictatoriaux
  • la création d’une commission d’enquête parlementaire sur l’ensemble de la coopération militaire et policière française en Afrique.
[1] Bruno Ossébi s’intéressait notamment aux projets de financement de l’activité pétrolière par la BNP Paribas. Voir le communiqué du 2 février 2010, Survie, ACAT-France, CCFD, Sherpa : Il y a un an, Bruno Ossebi disparaissait
[2] Dans un communiqué publié le 31 décembre « Rapport de conciliation de volumes et des chiffres dans le cadre du processus de mise en œuvre de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) » par la République du Congo, :« Le refus de coopération de ces différentes entités publiques a eu pour résultat des écarts injustifiés des flux physiques et financiers s’élevant respectivement à 1.384.059 barils et 106436 MsFCFA (161Ms€). », «  Il est simplement incompréhensible que pour 2010, les recettes pétrolières déclarées au FMI se chiffrent à 1758MdsFCFA (2,7Mds€) et pour la même période, l’ITIE a déclaré 1553MdsFCFA (2,4Mds€) soit un écart de près de 204MsFCF (312Ms€) pour lequel le gouvernement devrait fournir des explications. »,

samedi 4 février 2012

L'édito de Billets d'Afrique et d'ailleurs (février 2012)

Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
Billets d'Afrique et d'ailleurs.
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Juges intègres, blancs menteurs

On ne saurait construire aucun pouvoir durable sur la force pure, et la Françafrique comme système de domination ne fait pas exception : si les forces armées et la technologie militaire sont nécessaires, elle ne sont rien sans la propagande.

La propagande, c’est le mensonge d’État, mensonge organisé, incessamment martelé par tous les canaux de la désinformation officielle. Confrontés à ce formidable Goliath, qui vomit sans discontinuer ses mensonges par dix mille bouches – juges aux ordres, fonctionnaires eichmanniens, barbouzes parés du nom d’experts sur les plateaux télé, essayistes fumeux – les frêles David que nous sommes se sentent parfois bien seuls. Il arrive pourtant que des juges soient assez pénétrés du souci de la vérité judiciaire et du principe de la séparation des pouvoirs pour refuser de s’en laisser conter. Le courage de quelques juges est en train de provoquer l’effondrement de deux des plus gros mensonges de la propagande françafricaine de ces dernières années : la thèse du suicide du juge Borrel, martelée par les plus hautes autorités françaises et djiboutiennes dès la découverte du cadavre de Bernard Borrel, le 19 octobre 1995 ; celle faisant du Front patriotique rwandais l’auteur de l’attentat contre l’avion du président Habyarimana, le 6 avril 1994 : cette thèse, qui justifia, aux yeux des partisans du Hutu power, le génocide des Tutsi au Rwanda, fut ­– et continue d’être – déversée sur l’opinion française par des publicistes très impliqués dans la Françafrique, notamment Stephen Smith et Pierre Péan. Dans les deux cas, une justice aux ordres tenta de toutes ses forces de préserver une thèse officielle qui ne cessait pourtant de prendre l’eau.

Le nom de Bruguière symbolise désormais une magistrature à genoux devant le pouvoir politique, quand le peuple français la veut assise. A peine bouclée une instruction extravagante, ayant pour seul but de dédouaner les autorités françaises de l’accusation de complicité de génocide, celui-ci ira se présenter aux élections législatives sous l’étiquette UMP.
La thèse soutenue par cette instruction calamiteuse était cependant prêchée sans trêve par des « journalistes » au diapason des autorités politiques, experts ès manipulations françafricaines donnant le la de la désinformation. On ne sera pas surpris de trouver parmi eux Stephen Smith, notre négrologue, alors à la tête du département Afrique du journal Le Monde, l’organe quasi officiel du Quai d’Orsay pour tout ce qui a trait à la Françafrique. Il y défendit avec acharnement la thèse désignant Kagame, l’actuel président du Rwanda, comme le commanditaire de l’attentat.
Le négrologue s’illustra même dans l’épisode rocambolesque dit de la boîte noire de l’avion présidentiel, dont il affirma qu’elle se trouvait à l’ONU. Ce fait s’avéra aussi inexact que tout ce qu’il écrivit sur la tragédie rwandaise. On n’est pas surpris de retrouver, au côté du nauséeux négrologue, le fin connaisseur de l’âme tutsi, Pierre Péan, dont l’ahurissant Noires fureurs, blancs menteurs noya le sujet dans d’immondes attaques ad hominem et un flot d’affirmations hétéroclites destinées à masquer l’absence de toute véritable investigation.

On sait de quelle pitoyable façon l’ensemble de l’œuvre « judiciaire » de Bruguière à la cellule antiterroriste s’est effondrée : on est là devant une justice à la Poutine plutôt que chez Montesquieu. Pour ce qui est de l’attentat les juges Marc Trévidic et Nathalie Poux n’eurent qu’à se rendre sur place avec des experts pour que les conclusions de Bruguière soient totalement invalidées par le rapport balistique rendu au juge.
L’État français semble penser qu’on élève la France en la faisant complice des assassins de Bernard Borrel ; ils se trompent : ils l’abaissent. Les juges intègres sont l’honneur d’une nation.

Odile Tobner