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dimanche 29 juillet 2012

Togo: « Montrer la vraie nature du régime »

Depuis quelques mois, le Togo vit au rythme d’une forte contestation populaire. Regroupés au sein du Comité Sauvons le Togo ! (CST), plusieurs organisations de la sociéte civile et des partis politiques d’opposition réclament une amélioration des règles électorales, le respect des droits de l’homme et la lutte contre l’impunité.Témoignage d’André Kangni Afanou, juriste et directeur du Cacit (Collectif des associations contre l’impunité au Togo).
Billets d’Afrique (BDA) : Le Togo est en ébullition. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
André Kangni Afanou (AKA) : Effectivement, depuis quelques semai­nes, il y a, au sein de la population togolaise, un profond malaise qui s’explique par trois principales raisons : la persistance de l’impunité liée aux actes de tortures et violations graves de Droits de l’homme aux actes de torture ainsi que l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire aux seuls fins d’opprimer les faibles et de protéger les forts, le caractère inéquitable et injuste des règles qui régissent les compétitions électorales au Togo et le manque de volonté des autorités de poser les bases pour une réconciliation véritable et durable.
En effet, cela fait deux ans qu’il y a des allégations de torture au sein de l’ANR (Agence nationale de renseignement). Interpellé à plusieurs reprises, l’État a fini par confier à la Commission nationale des Droits de l’homme (CNDH) une mission d’enquête sur la question. A la remise du rapport, les autorités togolaises ont publié sur leur site un faux rapport niant les actes de torture. La réaction de la CNDH a été de publier sur internet le véritable rapport, qui démontrait clairement les circonstances dans lesquelles des gens ont été torturés.
Au final, le président de la Commission a du fuir le pays faisant état de menaces qui pèseraient sur lui. Je rappelle qu’entretemps, plusieurs missions internationales ont séjourné dans le pays et insisté sur le fait que le gouvernement devrait réserver une suite pénale aux conclusions du rapport de la CNDH. Jusqu’à ce jour, il n’en est rien.
Déjà, il y a quelques mois, la commission Vérité, Justice et Récon­ciliation a rendu les conclusions de ses travaux et M gr Barrigah qui en est le président déplorait, en même temps que tous les Togolais, le fait que les présumés auteurs d’actes de violations de Droits de l’homme n’aient pas jugé utile de fait acte de contrition mais se sont plutôt présentés en victimes. Et les autorités semblent cautionner cette situation en donnant un blanc-seing aux bourreaux.
Pour en venir au processus électoral, il faut relever que, au Togo, les règles qui régissent la compétition électorale, sont très injustes. Outre le fait que le pouvoir contrôle presque toutes les institutions qui interviennent en amont et en aval du processus électoral notamment la Commission électorale (CENI), la Haute Autorité de la communication (HAAC), la Cour constitutionnelle, il faut relever que tant les missions des Nations unies et de l’Union Européenne ont déploré le caractère injuste de la loi électorale et du découpage électoral.
Ainsi, lors des législatives de 2007, plus de 1 100 000 Togolais ont donné leur voix à l’opposition, tandis que le parti au pouvoir (RPT) a recueilli 900 000 voix. Au final, seulement 30 sièges de députés ont été attribués à l’opposition alors que le parti du chef de l’Etat qui était minoritaire en nombre de voix a eu une très grande majorité de sièges de députés.
Ce sont ces événements et bien d’autres qui expliquent la mobilisation d’une grande partie des organisations de défense des Droits de l’homme, des partis politiques et des médias au sein d’une coalition dénommée Collectif Sauvons le Togo.

Parlez-nous de ce vaste mouvement de contestation. Quels sont ses modes d’action et ses revendications ?
Les revendications du CST portent justement sur la mise en œuvre effective du rapport de la CNDH relativement aux actes de torture commis à l’Agence nationale de renseignement, la fin de l’impunité, la bonne gouvernance et l’amélioration de la loi électorale pour la rendre plus juste et plus équitable. Les organisations membres du CST ont organisé beaucoup de manifestations notamment des meetings, des marches et des sit-in de jour comme de nuit. Du 12 au 14 juin 2012 par exemple, à la place Dékon, la place Tahir du Togo, plusieurs centaines de milliers de personnes ont manifesté au point de faire dire au représentant de l’Union européenne au Togo, qui avait fait le déplacement, qu’il n’avait jamais vu « une marée humaine aussi importante » dans les rues de Lomé.
Des manifestations ont aussi eu lieu dans certaines villes de l’intérieur du pays.

Quelle a été la réaction des autorités à ce mouvement ?
Après avoir semblé appeler au dialogue, les autorités ont opté pour la répression. Les manifestations sont violemment réprimées : on a dénombré de très nombreux blessés parmi les manifestants mais aussi des cas de décès dont une dame à Lomé qui a reçu des gaz lacrymogènes dans son domicile. En outre, à l’intérieur du pays, à Sokodé, un vieil homme a été brutalisé par les forces de l’ordre et en est décédé.
Des cas d’arrestation ont aussi été enregistrés : trois avocats et défenseurs de Droits de l’homme, responsables du mouvement CST ont été arrêtés puis libérés deux jours après. Ils ont été présentés devant le juge le lundi 2 juillet 2012 et inculpés. Près de 54 jeunes ont aussi été interpellés et ils sont actuellement détenus à la prison civile de Lomé.
Les violences ont aussi touché les lieux de culte. Des gaz lacrymogènes ont été lancés jusque dans une église où des chrétiens étaient en train de prier ; les enfants de l’école catholique n’ont pas été épargnés, ils ont subi aussi les gaz lacrymogènes.
Ceci a valu une lettre de protestation de la Conférence épiscopale du Togo demandant fermement que les auteurs de ces actes soient identifiés et punis. Des miliciens ont aussi infiltré les cortèges et ont gazé les manifestants. La situation à ce jour est très inquiétante.

Faites-vous confiance à la justice pour situer les responsabilités dans ces événements ?
Non, justement, nous avons l’impres­sion que notre justice est aux ordres et que l’on fait du deux poids, deux mesures. En effet, alors que l’appareil judiciaire est prompt à « juger » les manifestants arrêtés, on note que la même promptitude n’est pas observée pour déclencher l’action publique contre les auteurs clairement identifiés d’actes de torture.
En outre, notre justice semble impuissante face à d’autres forces qui donnent des ordres parallèles pour faire régner la loi de la force. Je n’en veux pour preuve que deux affaires, notamment une où la libération sous caution d’un homme affaires a été prononcée par la Cour suprême mais celui-ci est toujours gardé en détention ; une autre libération d’un Franco-colombien a été prononcée par la cour d’assises mais l’intéressé est toujours détenu.
Le constat est triste : notre justice n’est pas indépendante et impuissante.

N’est-ce pas surprenant qu’à l’ap­proche d’élections, le pouvoir réprime ainsi le mouvement alors qu’il mène depuis des années une opération de communication pour restaurer son image ?
Je pense qu’au fur et à mesure des événements, la vraie nature du régime qui nous gouverne depuis plus de quarante-cinq ans et qui n’a d’autre souci que de conserver le pouvoir va se dévoiler à l’ensemble de la communauté internationale.
Ce régime se caractérise par des déclarations de bonnes intentions et des vœux pieux qui contrastent avec la réalité des violations de Droits de l’homme, des institutions qui ne sont pas indépendantes et ne fonctionnent pas du tout, un cadre électoral très injuste.
Si les réformes en profondeur ne sont pas opérées, il y a de fortes chances que les élections à venir ne soient ni justes, ni transparentes. Les frustrations d’une grande partie de la population risquent de continuer et la paix sociale compromise.

Quelles ont été les réactions de la France, de l’Europe et des États-Unis après la répression du mouvement ?
Il faut reconnaître que le groupe des 5 (UE, France, Allemagne, États-Unis et le Programme des Nations unies pour le développement – PNUD) a fait une déclaration publique dès que la répression a commencé affirmant que l’État togolais avait le devoir d’engager des discussions avec l’opposition afin que des règles consensuelles soient adoptées dans le cadre des élections.
Le représentant de l’Union européenne s’est rendu en personne sur la place Dékon. Même l’ambassade de France a envoyé un représentant auprès du CST après que la répression a commencé.
Jusque-là ces réactions ont été de nature à encourager les autorités à écouter la population. Cela donne de l’espoir par rapport à un passé récent, notamment le discours de la France : un porte-parole du Quai d’Orsay a demandé que le dialogue soit entamé.
Espérons que ce discours sera constant car il s’agit de rompre avec un certain nombre de pratiques d’un autre âge. Si on en croit ces déclarations, en tout cas, on a l’impression qu’avec le nouveau pouvoir français, il y a une meilleure prise en compte des populations.
Cette logique va-t-elle être maintenue ? La France ne va-t-elle pas revenir à une logique ancienne qui voudrait qu’elle se contente de défendre ses intérêts au détriment de la soif de liberté et de justice des Togolais ? J’espère que ce ne sera pas le cas et que la « Patrie des droits de l’Homme » va être encore plus ferme envers les autorités togolaises.
Toute autre position consisterait à cautionner la dictature, l’oppression, l’injustice et l’impunité qui est devenue la règle au Togo. La France, l’Allemagne, les Etats-Unis d’Amérique, l’Union européenne et toutes les puissances doivent œuvrer dans le sens de l’amélioration de la gouvernance au Togo.

jeudi 26 juillet 2012

La rupture avec le régime ivoirien est impérative



Ce jeudi 26 juillet, le président français recevra son homologue ivoirien « afin d’examiner comment approfondir le partenariat franco-ivoirien » [1]. La situation ivoirienne exige pourtant une remise en cause radicale du soutien aveugle apporté à Alassane Ouattara. Le changement dont se réclame François Hollande en matière de politique franco-africaine imposerait de réduire les relations au minimum protocolaire.
Si la relation franco-ivoirienne fut orageuse, la Côte d’Ivoire est en passe de redevenir, depuis le retour d’Alassane Ouattara au pouvoir [2], un bastion de la Françafrique grâce à une coopération sécuritaire étroite et une subvention massive à la présence économique française.
C’est six mois, jour pour jour, après la signature du nouveau Partenariat de défense entre la Côte d’Ivoire et la France [3] que François Hollande reçoit son homologue. La coopération militaire est si étroite que la réforme du secteur de la sécurité et de l’armée ivoirienne est pilotée par deux haut gradés français [4], dépêchés auprès d’Alassane Ouattara et de l’ex-leader rebelle Guillaume Soro, nommé premier ministre et ministre de la défense, avant de devenir président de l’assemblée nationale [5]. Tandis que l’armée régulière est réduite aux rôles subalternes, les anciens chefs de guerre de la rébellion ont été promus commandants d’unités spéciales créées par décret présidentiel et reçoivent des formations par des militaires français [6], alors même qu’ils sont soupçonnés par les juges de la Chambre préliminaire de la Cour Pénale Internationale de s’être rendus coupables d’exactions [7]. Les ex-rebelles enlèvent et rançonnent en dehors de toute procédure judiciaire. La justice elle-même est viciée. Les chefs d’inculpation changent au gré des volte-face du régime et des protestations des familles [8]. Les prétendues menaces de déstabilisation finissent en inculpations de détournement de fonds ou en libération par manque de preuve. Ces méthodes trahissent la fébrilité d’un régime illégitime, car issu d’un processus électoral violé.
L’élection présidentielle de 2010 devait sortir le pays d’une longue crise politico-militaire. Le processus prévoyait que les Nations unies certifient les étapes successives : réunification du pays, recensement des populations, désarmement, scrutin présidentiel, refonte de l’armée, scrutins législatifs et locaux. Mais les principaux partis politiques, les rebelles et la communauté internationale ont sabré le processus. L’ONU, sous pressions française et américaine, s’est prêtée à ce jeu antidémocratique, en certifiant un recensement très imparfait et, surtout, en passant totalement sous silence l’absence de désarmement ou ne serait-ce que de cantonnement des groupes armés. Les diplomates onusiens [9] ont même dissimulé pendant sept mois le rapport d’un groupe d’experts qui établissait que les protagonistes se réarmaient dans la perspective du scrutin et suggérait au Conseil de sécurité de soumettre deux chefs rebelles à des sanctions [10]. La présidentielle fut entachée de très forts soupçons d’irrégularité, de part et d’autre. Mais les diplomaties française et américaine ont joué leur candidat favori contre le sortant, par des pressions diplomatiques et économiques extrêmement fortes d’abord. Puis, sous couvert de la mission des Nations unies, la force française Licorne s’est alliée aux rebelles pour renverser le président sortant.
Aujourd’hui, le régime ivoirien considère la force comme sa seule option. Même le nouveau représentant des Nations unies ne se laisse plus abuser par la réconciliation vantée par le régime. Les commandants rebelles présumés responsables des principaux massacres de la crise post-électorale, dans l’ouest, jouissent ainsi d’une totale impunité. Il y a quelques jours à peine, vendredi 20 juillet, un camp de l’ONU accueillant les populations qui ont fui les massacres a été incendié et entièrement détruit par des hommes en armes, faisant au moins une dizaine de morts. Ces violences et cette impunité alimentent des soupçons de persécutions ethniques.
Comme on pouvait le deviner [11], l’installation d’Alassane Ouattara connait une contrepartie économique en faveur d’intérêts français. Le Contrat de désendettement et de développement(C2D) en est le volet essentiel. « Celui-ci sera d’un montant sans précédent puisqu’il dépassera les 2 milliards [d’euros] » fanfaronnait Nicolas Sarkozy [12]. Pourtant, le gouvernement ivoirien devra bel et bien rembourser à l’État français ce montant faramineux, qui est celui de l’endettement généré par l’Aide Publique au Développement (APD) [13]. Mais à chaque échéance, le montant remboursé sera alloué, via l’Agence Française de Développement et le budget ivoirien, à un projet visant à réduire la pauvreté. Or, outre l’éducation et la santé, l’acception très large de cet objectif comprend les équipements, les infrastructures, l’aménagement du territoire et même la gestion des ressources naturelles : autant de secteurs où les intérêts français sont omniprésents. Autrement dit, sous couvert de désendettement et de d’aide au développement, il s’agit en réalité d’une subvention massive et opaque, par la dette ivoirienne, distribuée aux entrepreneurs français. Ils l’ont parfaitement compris : "Nous sommes très contents du nouveau président parce qu’on sait que lui, il va nous amener de l’argent. Et puis c’est un homme d’affaires qui avait déjà été Premier ministre et il avait été très bien quand il était Premier ministre de M. Houphouët, alors nous sommes très heureux. Toute la communauté européenne est très heureuse que ce soit M. Ouattara qui ait pris le pouvoir." [14]
Survie demande
  • À l’État français, d’abandonner son soutien aveugle au régime ivoirien, de réduire au minimum protocolaire les relations diplomatiques, de cesser toute coopération - notamment militaire et sécuritaire - avec le régime et de retirer toutes ses troupes de Côte d’Ivoire. La force Licorne y est présente depuis bientôt 10 ans ;
  • Au gouvernement français, d’abandonner le mécanisme opaque des Contrats de Désendettement et de Développement au profit d’une annulation pure et simple de la dette despays pauvres très endettés, selon les engagements pris en Club de Paris ;
  • Aux parlementaires français, d’établir une commission d’enquête sur le rôle de la France dans la crise ivoirienne, comme certains d’entre eux l’ont déjà demandé à quatre reprises depuis 2004 [15] ;
  • Au Ministère de la défense, de déclassifier les documents relatifs à l’escalade tragique de violence de novembre 2004, notamment l’enquête interne ordonnée par le ministère et confiée à des gendarmes sur l’emploi des armes par la force Licorne contre des manifestants [16].
[2] De 1990 à 1993, Alassane Ouattara fut le premier ministre de Félix Houphouët-Boigny, dont la santé ne permettait plus véritablement d’exercer le pouvoir. Ouattara appliqua les recettes néolibérales du Fonds Monétaire International, dont il avait été directeur du département Afrique et conseiller du directeur général. La population ivoirienne subissait les effets des coupes budgétaires et, bientôt, la dévaluation de 50% du cours du franc CFA. Ouattara lança un vaste programme de privatisations qui bénéficia principalement aux groupes français (Bolloré, Elf, Bouygues, France Télécom, EDF, Club Méd, Hachette...). Le Français Philippe Serey-Eiffel, qui était à la tête de la Direction Centrale des Grands Travaux en 1992, est de retour aux côtés de Ouattara depuis 2011 comme coordonnateur de l’équipe des Conseillers de la Présidence.
[3] Signé à l’Élysée par Alassane Ouattara et Nicolas Sarkozy le 26 janvier, cet accord prend la suite de celui du 24 avril 1961. Les autorités françaises n’ont jamais communiqué officiellement sur la convention sur le maintien de l’ordre de 1962, ni sur son contenu, ni sur son actualité.
[4] Le Général Claude Réglat et le Colonel Marc Paitier (La Lettre du Continent, 12 juillet).
[5] Notons que le 2 juillet, le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a cru bon de recevoir son sulfureux homologue ivoirien.
[6] Thomas Hofnung (Libération, le 29 mai) D’ex-chefs de guerre à l’école française.
[8] Comme d’autres proches du président déchu, Michel Gbagbo est ainsi resté détenu quatre mois sans aucun chef d’inculpation et continue d’être tenu au secret, en violation flagrante des droits les plus élémentaires de la défense. Alors que l’Etat français aurait, dans d’autres circonstances, dénoncé ce qui s’apparente à la prise d’otage d’un de ses ressortissants, ce Français ne bénéficie d’aucun soutien diplomatique, malgré les démarches officielles de sa mère et d’un comité de soutien.
[9] Par une coïncidence troublante, Thierry Le Roy que le gouvernement français avait détaché pendant six mois (à partir du mois de janvier) auprès de la présidence ivoirienne pour mener la réforme de l’État ivoirien, n’est autre que le frère d’Alain Le Roy, qui dirigeait le Département des Opérations de Maintien de la Paix de l’ONU (dont la mission en Côte d’Ivoire).
[11] Christophe Barbier (LCI, 5 avril 2011) : « Nous ferons payer la facture à ceux pour qui nous faisons ce travail difficile, douloureux, qu’est l’action militaire. [...] La Libye, la Côte d’Ivoire, ce sont des pays qui ont des ressources. Ces pays nous rembourseront en avantages, notamment en matières premières, en énergie par exemple. Ils pourront aussi nous acheter des matériels militaires [...]. Nous allons, sans être cynique, améliorer nos matériels, améliorer nos méthodes. Avec l’expérience retirée de ces conflits, ça nous permettra d’être encore plus compétitif sur ce marché […] qu’est la vente des armes. »
[12] Nicolas Sarkozy, le 21 mai 2011, jour de l’investiture d’Alassane Ouattara, devant les expatriés réunis dans la base militaire française d’Abidjan.
[13] L’APD est, en elle-même, génératrice de dette et de détournements. Au plus grand profit des élites politico-économiques françafricaines, au plus grand malheur des populations qui subissent le fardeau d’une dette contractée par des gouvernements souvent illégitimes et corrompus.
[14] Un entrepreneur français installé en Côte d’Ivoire depuis 1969, vidéo du 21 mai 2011, sur le site de l’Élysée. Lire Côte d’Ivoire : un gâteau à 2 milliards d’euros.
[15] Depuis 2004, quatre propositions de résolution visant à créer une commission d’enquête parlementaire sur l’intervention française en Côte d’Ivoire ont été déposées. Deux l’ont été le 1er décembre 2004 et les deux autres, les 26 octobre 2005 et 12 juillet 2011.
[16] Le Canard Enchaîné, 1er décembre 2004.

vendredi 20 juillet 2012

L'édito de Billets d'Afrique et d'Ailleurs (juillet 2012)

Retrouvez ici chaque mois l'édito du mensuel publié par SURVIE :
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Au pied du mur


La politique africaine de la France va changer : air connu, déjà entonné par Sarkozy avant son élection à la magistrature suprême. Reconnaissance implicite de la malfaisance de cette politique, ces bonnes résolutions à répétition rappellent celles des accros au tabac ou autres drogues : demain j’arrête. On connaît le sort de ce genre de proclamations.

Ainsi le mandat de Sarkozy s’acheva dans le sang versé par l’armée française en Côte-d’Ivoire pour installer un ami de la France.
C’est que la France est accro à l’Afrique, à ses ressources naturelles, à ses matières premières à vil prix, à ses plantations où s’échinent des cohortes d’esclaves : sans l’Afrique, quelles carrières pour nos militaires ? Sans la zone franc, quels bénéfices pour nos banques ?
C’est en Afrique que les multinationales françaises réalisent leurs plus gros bénéfices, grâce au maintien d’un impitoyable statu quo politique et social, financé par le contribuable français. Aujourd’hui où la lèpre financière atteint les économies développées, il est à craindre qu’en dépit de tout le blabla humaniste du nouveau pouvoir, l’État français soit plus que jamais dépendant de sa drogue.

Faisant montre de leur capacité na­t­u­relle au paternalisme, les socia­listes ont certes rebaptisé du nom de développement la mission de coo­pération, noble terme discrédité par un demi-siècle de pratiques françafricaines. Le réalisme aurait demandé qu’on ait un ministre chargé des relations avec les pays en développement. En effet, pas plus que l’indépendance, sans laquelle il ne saurait exister, on n’octroie le développement : c’est en conquérant et en préservant leur souveraineté que l’Inde ou la Chine se sont donné les moyens de se développer. C’est le but que poursuivent aujourd’hui les citoyens de maints pays d’Afrique francophone, qui tentent de desserrer le joug de dictatures prédatrices au service d’intérêts extérieurs. Les troubles civils qui se poursuivent en Côte-d’Ivoire montrent que les Ivoiriens refusent de se soumettre aux diktats des puissances.

Au Gabon et au Togo, la société civile tente en ce moment même de desserrer l’emprise mortifère des dynasties qui oppriment ces pays depuis plus longtemps que les Assad ne règnent sur la Syrie. Avez-vous vu l’establishment rose-vert lancer des appels enflammés à soutenir ces populations en lutte pour leur liberté ? Que nenni : commentant le 15 juin la protestation pacifique des citoyens togolais contre une grossière manipulation de la loi électorale et sa répression brutale par la dictature, le Quai d’Orsay s’est contenté de renvoyer dos à dos oppresseurs et démocrates : « Nous suivons avec attention la situation au Togo où des manifestations ont lieu [...] Nous condamnons toutes les violences [...] Le maintien d’un dialogue constant, dans le respect de tous, peut seul permettre l’apaisement de la vie politique au Togo ».
Quant aux indignés gabonais, qui ont tenté de s’opposer les 8 et 9 juin à la tenue d’un dispendieux « New York Forum Africa », exhibition publicitaire du clan au pouvoir, ils ont vu leurs responsables immédiatement arrêtés et détenus le temps que se déroulent les festivités officielles.
Hollande leur rendra l’hommage qu’ils méritent en recevant Ali Bongo le 5 juillet. Ite, missa est ?

Odile Tobner

mardi 3 juillet 2012

Festival "Gemme la résistance"

Survie Gironde sera présente les 7 et 8 juillet à Sanguinet, à l'occasion du festival "Gemme la résistance", aux côtés de nombreuses associations.
Des débats auront lieu autour des gaz de schiste, de la dette et de la question des salaires et retraites (avec Bernard Friot) et du nuclaire français (avec Patrice Bouveret)




"Hagati Yacu (Entre nous)": le théâtre pour mémoire

A l'occasion de "Grand Parc en Fête", venez assister à la représentation de Hagati Yacu, une pièce de théâtre autour du génocide des Tusti du Rwanda.

Cette pièce, co-écrite par Boubacar Boris Diop et Dalila Boitaud-Mazaudier sera jouée à l'occasion du festival "Grand Parc en fête", le 5 juillet à 22h au Gymnase GPIII.

A ne pas rater!