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mardi 25 septembre 2012

6 Octobre: Projection du documentaire "Tuez-les tous"

Le 6 Octobre à 20h, l'association Cauri organise une projection du documentaire "Tuez-les tous! (Rwanda: histoire d'un génocide "sans importance")". Cette projection aura lieu à la maison cantonale (20 rue de Chateauneuf).

Ce documentaire réalisé en 2004, revient sur la tragédie de 1994 à travers de nombreuses images d'archives, des entretiens et de nombreux rappels historiques. D'une force rare, il aide à mieux saisir les origines et le déroulement de ce drame, sans oublier le rôle de la France.

La projection sera suivi d'un débat en présence d'Adélaïde Mukantabana (présidente de l'association Cauri), de Moulay Aïdara (membre de Afriques en lutte), d'André Rosevègue (Centre d'Etudes Sociales de Bordeaux) et de Laurent Delage (NPA 33).

vendredi 21 septembre 2012

La famille de Vincent Delory, mort au Mali, redemande la levée du secret défense

Article extrait du site RFI: http://www.rfi.fr/afrique/20120920-otage-francais-vincent-delory-mort-mali-famille-redemande-levee-secret-defense
Plus d’un an et demi après la mort de Vincent Delory et Antoine de Léocour, au Mali, la famille Delory attend toujours de comprendre les circonstances du décès du jeune homme. Dans une lettre adressée au président français, François Hollande, la famille a redemandé la levée totale du secret défense dans ce dossier. Elle sera reçue, vendredi 21 septembre, au palais de justice de Paris par la juge antiterroriste Nathalie Poux, chargée de l’affaire. Vincent Delory avait été enlevé au Niger le 7 janvier 2011 et tué, le jour suivant, à la frontière malienne, lors d’une opération des forces spéciales françaises qui ont tenté de le libérer.
La famille Delory veut connaître la vérité et pour cela, il faudrait que l’Etat accepte la levée totale du secret défense et que l’information judiciaire soit étendue à des faits d’homicide involontaire par le parquet de Paris. C’est ce que demande Annabelle Delory, sœur de Vincent, dans une lettre remise mercredi au président français, à l’occasion de la cérémonie d’hommage annuelle aux victimes du terrorisme.
Jointe par RFI, Annabelle Delory rappelle qu’il y a beaucoup de points qui restent sans réponse. Elle souligne surtout qu'à l'heure actuelle, le juge d’instruction est saisi des suites «d’enlèvement et séquestration en lien avec une entreprise terroriste », le mettant ainsi dans l’impossibilité de toucher aux circonstances de la mort de son frère. Pour permettre d’éclairer ces circonstances, il faudrait, précise-t-elle, que le parquet de Paris accorde au juge un supplément d’information pour « homicide involontaire » et qu’il puisse avoir accès aux documents relatifs à l’intervention.
La famille et l’avocat des Delory seront reçus, ce vendredi 21 septembre, au palais de justice de Paris par les juges antiterroristes afin de savoir où en est l’instruction. Annabelle Delory n’exclut pas la responsabilité de l’armée française. « Pour nous, compte tenu de l’ensemble des éléments que nous avons réussi à obtenir, il est de plus en plus évident qu’il y a une part de responsabilité de l’intervention militaire », a-t-elle avancé.
Lors de la cérémonie d’hommage aux victimes du terrorisme, François Hollande a promis « la vérité, notamment sur les procédures en cours » et « la transparence la plus entière ». La sœur de Vincent Delory veut croire au discours du président français. « Je veux avoir de l’espoir, je veux croire que ce ne sont pas que des mots. Mais j’attends surtout que cela se concrétise », a-t-elle ajouté sur RFI.
Catherine de Léocour, mère du deuxième otage décédé, Antoine de Léocour, a également écrit au président, regrettant, elle aussi, les limites de la saisine des juges antiterroristes. Antoine a été tué par les ravisseurs. Vincent a été retrouvé, le corps à moitié calciné, criblé de balles.

lundi 17 septembre 2012

Blaise Compaoré à Paris : la Françafrique fait sa rentrée à l’Elysée !

Deux mois après le gabonais Ali Bongo et alors que l’on annonce la visite prochaine à Paris du tyran tchadien Idriss Déby, le président burkinabè Blaise Compaoré est à son tour reçu par François Hollande ce mardi 18 septembre
Un criminel de plus à l’Elysée, une promesse de moins de tenue : celle d’en finir avec la Françafrique.

Après la réception du dictateur Ali Bongo début juillet, qui a permis aux autocrates gabonais de se revendiquer du soutien du Parti socialiste [1], c’est au tour du criminel Blaise Compaoré d’être reçu par François Hollande. En prétendant coordonner ou « faciliter » l’émergence d’une solution à la crise malienne, les autorités françaises cherchent une fois de plus à faire passer des vessies pour des lanternes et des dictateurs pour des hommes de paix. Salué pour sa « gouvernance » et ses « médiations », Blaise Compaoré cumule l’absence complète de légitimité démocratique et une implication dans les pires conflits et crises d’Afrique de l’Ouest, mais il est le meilleur défenseur des intérêts françafricains dans la sous-région.

Arrivé au pouvoir la même année que le tunisien Ben Ali, que le Parti socialiste a trop tardivement rangé au rang de tyran, Blaise Compaoré se maintient depuis 25 ans à la tête du Burkina Faso. D’abord par la terreur et les assassinats impunis, dont ceux de son prédécesseur Thomas Sankara en 1987 [2] et du journaliste Norbert Zongo en 1998 [3], puis par un tripatouillage constitutionnel et des élections truquées à répétition : le scrutin de novembre 2010, qui l’a prétendument reconduit dans ses fonctions avec 80% des suffrages, en est la dernière caricature [4].

Après avoir fait voter une loi d’amnistie pour se protéger, il semble pousser son frère François Compaoré au rang de successeur potentiel, craignant sans doute d’autres réactions populaires s’il modifiait à nouveau la constitution pour rester au pouvoir. Quelques semaines après sa prétendue réélection triomphale, une explosion de colère avait en effet traversé toutes les principales villes du pays pendant plusieurs mois. Protestant contre la mort de plusieurs collégiens dans des violences policières, la jeunesse envahissait régulièrement les rues, brûlant au passage tous les symboles du pouvoir : villas des dignitaires du régime, bâtiments administratifs, locaux de la police, etc.
Mais le plus désastreux pour ce pouvoir s’appuyant sur une grande partie de l’armée, est que de nombreux militaires en sont également venus à se mutiner, se livrant à des viols, des pillages et des tirs à armes lourdes, montrant toute l’étendue de la décomposition de l’État Compaoré.

Corruption, appropriation d’une bonne partie de l’économie par le clan Compaoré, spoliation de terres au profit des dignitaires pour l’agro-industrie, paupérisation de la population, telle est la sombre réalité d’un régime honni par son peuple pour qui sait regarder au-delà des apparences.
Mais Blaise Compaoré, cité par Robert Bourgi en septembre 2011 comme un des fournisseurs de valises de billets à destination des politiques français, est aussi sans conteste le pilier de la Françafrique dans la sous-région, qu’il a souvent contribué à déstabiliser.
Son ami Charles Taylor vient d’être condamné à 50 ans de prison par le tribunal spécial pour la Sierra Leone, à l’issue d’un procès fleuve où Blaise Compaoré a été maintes fois cité, au côté de Kadhafi, pour leur implication dans ce conflit et celui du Liberia. Ces guerres civiles se sont traduites par « le meurtre, le viol et la mutilation de 500 000 personnes en Sierra Leone et de près de 600 000 au Liberia » [5].
Le reste du bilan international de cet « ami de la France » est tout aussi terrifiant : trafic de diamants au profit de l’UNITA [6] dans les années 90, soutien aux rebelles qui ont embrasé la Côte d’Ivoire depuis 10 ans, et plus récemment exfiltration du chef du MNLA [7] qui vient de tenir son congrès à Ouagadougou, alors que le journal Jeune Afrique, citant des sources françaises, évoque la livraison d’armes au MUJAO dans le nord du Mali via le Burkina [8]. Pourtant, Blaise Compaoré est régulièrement propulsé comme médiateur des conflits de la région, au point d’être invité à expliquer son expérience en la matière devant la cour pénale internationale, devant laquelle il devrait plutôt comparaître.

Il ne doit cette bienveillance internationale qu’à son allégeance aux puissances occidentales. Longtemps décrié par les États-Unis, Blaise Compaoré a su gagner leur soutien grâce à leur obsession de la lutte contre le terrorisme, en les laissant installer des bases d’où partent les drones américains pour surveiller la région. Les Français ne sont pas en reste : soucieux de maintenir leur présence au Sahel et leur exploitation de ses richesses, dont les mines d’uranium du proche Niger, ils disposent également d’une base au Burkina Faso où sont cantonnées les troupes d’élite françaisesdu COS [9].

C’est cet hôte criminel que François Hollande s’apprête à recevoir, pour discuter ensemble d’une « sortie de crise » au Nord Mali. Il est également de plus en plus question que l’Élysée reçoive le dictateur tchadien le mois prochain, au même prétexte. La France, le Tchad d’Idriss Déby et le Burkina Faso de Blaise Compaoré au chevet du Nord Mali : c’est l’armée des pompiers pyromanes qu’on envoie éteindre l’incendie sahélien.
L’association Survie exige à nouveau que le président et le gouvernement français mettent fin à toute compromission diplomatique et à toute coopération militaire et policière avec ces régimes.

Un rassemblement est organisé ce lundi à Paris pour protester contre la réception de Blaise Compaoré par François Hollande, à 18h30 à la Fontaine des Innocents.


[1] Voir le communiqué de Survie du 28 août 2012, "Régime gabonais : le Parti socialiste et le gouvernement doivent se positionner fermement"

[2] Thomas Sankara, qui dérangeait beaucoup d’intérêts dont ceux de la Françafrique, a été assassiné le 15 octobre 1987. Une pétition déjà signée par plus de 10 000 personnes demande que les autorités françaises fassent toute la lumière, 25 ans après, sur l’implication des services secrets français dans cet assassinat. Lire à ce sujet la Lettre de Mariam Sankara à François Hollande après l’annonce de la réception de Blaise Compaoré à l’Elysée prévue le 18 septembre 2012

[3] En décembre 1998, ce journaliste et ses compagnons furent mitraillés dans leur véhicule, ensuite incendié. Les émeutes qui ébranlèrent le pays obligèrent le pouvoir à admettre qu’il s’agissait d’un assassinat, pour lequel les burkinabè attendent toujours justice : symbole de l’impunité générale, le dernier procès des inculpés, membres de la sécurité présidentielle, s’est traduit par un non lieu.

[4] Voir le communiqué de Survie du 26 novembre 2010, "Burkina Faso : des imposteurs valident la nouvelle imposture électorale de Blaise Compaoré"

[5] Bilan annoncé par M. Crane, ancien procureur du Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone (TSSL)

[6] Mouvement rebelle dirigé par Jonas Savimbi, impliqué dans la guerre civile qui a dévasté l’Angola jusqu’en 2002

[7] Mouvement National de Libération de l’Azawad, qualifié abusivement de « mouvement touareg » impliqué dans les conflits au Nord Mali et qui revendique la sécession et la création d’un État laïc, qui a subi d’importants revers militaires face aux mouvements se revendiquant du Djihad. L’information sur l’exfiltration du chef du MNLA avec l’aide des autorités burkinabè a été largement reprise dans la presse africaine

[8] http://www.jeuneafrique.com/Article... (Une information démentie depuis par les autorités burkinabè : http://www.savanefm.net/index.php/j... )

[9] Commandement des Opérations Spéciales, cf. http://www.jeuneafrique.com/Article...