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dimanche 14 octobre 2012

Biens mal acquis : le dernier caprice du fils Obiang

Mediapart PAR FABRICE ARFI - ARTICLE PUBLIÉ LE VENDREDI 12 OCTOBRE 2012

Toutes les personnes qui ont approché le dossier poussent le même soupir effaré : rien ne l’arrête. Teodoro Nguema Obiang (dit Teodorin), vice- président de Guinée-Équatoriale et fils du chef de l’État en exercice, visé en France par un mandat d’arrêt international dans l’affaire des “Biens mal acquis”, envisage d’acquérir pour 200 millions de dollars l’un des plus gros yachts de luxe au monde.

Il s’agit d’un bateau baptisé Al Salamah, propriété du prince Sultan ben Abdul Aziz, le ministre de la défense d’Arabie saoudite décédé l'an passé. Ses héritiers veulent à tout prix vendre le yacht, un mastodonte de 140 mètres de long, haut de cinq étages, hérissé d’une piste d’atterrissage pour hélicoptère et doté d’une salle de cinéma et d’un hôpital… Entre autres.

Al Salamah Ébruitée le 4 octobre par une indiscrétion de L’Express, l’affaire semble se préciser, même si la vente n'a pas été (encore) finalisée. D’après les éléments recueillis par Mediapart, une société commerciale a été créée le 23 juillet dernier en Guinée- Équatoriale pour se porter acquéreur du yacht convoité par Obiang junior (très friand en la matière). Elle se nomme Sociedad de transporte maritimo Guinea equatoriale, la Sotramar-GE, enregistrée sous le numéro 2 481 dans les registres officiels de Malabo, la capitale de Guinée-Équatoriale.

Fait intrigant: la Sotramar est déjà le nom d’une société de transport maritime parapublique guinéenne, créée en décembre 1971 et impliquée dans le commerce de la bauxite, le principal minerai permettant la production d’aluminium, dont les terres guinéennes sont très riches.

Des banques approchées ces dernières semaines ont refusé de rentrer dans le dossier tant Teodoro Obiang est devenu un personnage judiciairement infréquentable. De fait, de nombreuses questions se posent quant à l’origine réelle des fonds que le vice- président guinéen se dit prêt à débloquer pour assouvir ses désirs. D’où l’extrême prudence d'institutions bancaires qui ne souhaitent pas être embarquées dans une éventuelle opération de blanchiment.

La confusion entre la Sotramar de 2012 (société privée) et son homonyme de 1971 (société parapublique) n’est-elle d’ailleurs pas entretenue pour mélanger argent public et intérêts privés ? L’avocat français du fils Obiang, Me Emmanuel Marsigny, ne souhaite faire aucune déclaration sur ce dossier. Tout comme le secrétariat particulier parisien de la famille Sultan qui, joint par Mediapart, a fait savoir « qu’aucune espèce de commentaire ne sera fait là- dessus ».

Teodoro Obiang, aujourd’hui en charge du portefeuille ministériel de la défense après avoir détenu celui de l’agriculture, n’est pas connu de la justice française pour sa rigueur dans la gestion des deniers publics de son pays.

Personnage central de l’affaire dite des “Biens mal acquis”, Obiang junior est visé depuis le 12 juillet 2012 par un mandat d’arrêt émis par les juges Roger Le Loire et René Grouman, qui le soupçonnent de détournement de fonds publics, de blanchiment, d’abus de biens sociaux et d’abus de confiance. En clair, ils accusent le fils Obiang de piller les richesses de son pays pour se constituer en France et dans le monde un faramineux patrimoine.

Les magistrats ont déjà fait procéder à la saisie de quatorze voitures de luxe, ainsi qu’à celle de très nombreux meubles et objets d’art possédés par M. Obiang, logé à Paris dans un somptueux hôtel particulier de l’avenue Foch. Celui-ci a fait l’objet d’une spectaculaire perquisition en février dernier.

Plusieurs rapports de la police et de la cellule anti-blanchiment du ministère des finances Tracfin ont décrit ces dernières années dans le détail les extravagances financières du fils Obiang. Dans une note de synthèse du 6 novembre 2007, l’Office central pour la répression de la grande délinquance financière notait ainsi que Teodoro Nguema Obiang avait « fait notamment l’acquisition en France d’une quinzaine de véhicules pour un montant estimé de plus de 5,7 millions d’euros ».

Parmi les bolides commandés auprès d’un constructeur alsacien figurent trois Bugatti Veyron « d’un montant unitaire de plus de 1 milliond’euros ». L’achat de plusieurs voitures a été effectué par des virements provenant de la Somagui Forestal, une société forestière guinéenne dont le dirigeant était Teodoro Obiang, qui occupait parallèlement à l’époque le poste de ministre de l’agriculture et des forêts, avec une indemnité officielle de… 3 200 euros mensuels. « Les flux mis en exergue (…) sont susceptibles de traduire du blanchiment du produit d’un détournement de fonds publics », notait Tracfin dans un rapport.

Les diligences judiciaires françaises, très mal vues par le clan Obiang, ont singulièrement tendu les relations diplomatiques entre Paris et Malabo, où la réplique n’a pas tardé. En mai 2012, une enquête pour corruption a été ouverte en Guinée, visant directement le président de l’association anti- corruption Transparence International France, Daniel Lebègue, à l’origine avec d’autres ONG françaises de la procédure des “Biens mal acquis”.

« Le sentiment d’impuissance d'un régime à bout de course, face à la marche de la justice, conduit à la multiplication des écrans de fumée et des contre- feux », avait alors réagi l’avocat William Bourdon, président de l’association Sherpa, partie civile dans le dossier des “Biens mal acquis” aux côtés de Transparence International.

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