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mercredi 27 mars 2013

1994, la France au coeur du génocide des Tutsi au Rwanda

Le 7 avril prochain cela fera 19 ans que le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994 démarrait. Il dura 3 mois et fit entre 800.000 et 1 million de morts.

Les responsables politiques et militaires français de l'époque ont soutenu et continué d'armer le régime rwandais quand tous les indicateurs étaient au rouge

La France a voté à l'ONU le retrait des casques bleus au début du génocide, puis, 2 mois et demi après, elle proposait une opération "militaro-humanitaire" appelée "opération Turquoise".
A cette époque Alain Juppé était ministre des affaires étrangères (mars 1993 à mai 1995) dans le gouvernement Balladur.

Survie Gironde invite le vendredi 5 avril 2013 Laure de Vulpian, journaliste justice à France Culture, pour parler de son livre-enquête extrêmement documenté, publié en septembre 2012, et intitulé :

Silence Turquoise
Rwanda 1992-1994
Responsabilité de l'État français dans le génocide des Tutsi

Laure de Vulpian interviendra :
 
- à Sciences-Po Bordeaux de 14h à 15h, salle Mabileau
(tram B arrêt Montaigne-Montesquieu) 

- au Boulevard des Potes de 17h30 à 19h
(29 rue Bergeret à Bordeaux)
  

Ce livre révèle la vérité sur l’opération « humanitaire » Turquoise, confiée à des militaires. Cette opération planifiée par les autorités françaises, contestée dès l’origine, commence douze jours seulement avant la chute de Kigali et la fin du génocide – douze jours entachés d’imposture militaire et politique et de choix très fautifs, selon Thierry Prungnaud, co-auteur du livre.
Cet ancien du GIGN sait de quoi il parle, il a participé à Turquoise au sein du Commandement des forces spéciales (COS). Acteur et témoin, il évoque un état-major français presque toujours pro-hutu, dévoile des zones d’ombre, effrayantes, notamment à Bisesero entre le 27 et le 30 juin 1994, où plus d’un millier de Tutsi ont été massacrés et alors que, à proximité, la hiérarchie connaissait le danger qui pesait sur eux. Elle n’a donné aucun ordre pour les protéger.

Il y a quelques années, la justice a été saisie d’une plainte contre l’État français pour « complicité de génocide et de crimes contre l’humanité ». Depuis, le tribunal aux Armées instruit – mollement.

L’enquête serrée de Laure de Vulpian s’appuie sur le témoignage du sous- officier Prungnaud. Elle met en évidence les faiblesses de la Mission parlementaire Quilès, la campagne de désinformation orchestrée par une poignée de hauts responsables militaires et politiques, le positionnement très « idéologique » – anti Tutsi – d’officiers supérieurs de Turquoise, ainsi que leurs mensonges.

Cette enquête nous amène sur le terrain politique franco-français, expose les difficultés de la justice à faire la vérité sur le rôle de l’État français.
Elle parle aussi des militaires qui, voulant accomplir leur devoir, ont outrepassé les ordres. Ils ont ainsi sauvé l’honneur sinon de la France, au moins des Français.




Silence Turquoise

Vous pouvez écouter Laure de Vulpian intervenir sur France Inter pour la présentation de ce livre.


mercredi 13 mars 2013

Mali: Lettre du CADTM à F.Hollande

Le CADTM (Comité pour l'Annulation de la Dette du Tiers-Mode) lutte depuis des années contre les mécanismes économiques engendrant pauvreté et corruptions.
Dans cette lettre ouverte au prśeident francais, il lui est rappelé que la paix ne s'achètera pas par les armes, mais en donnant la possibilité aux peuples de jouir de leurs droits.

Sources: site du CADTM

Le Mali outragé ! Le Mali brisé ! Le Mali martyrisé ! Mais le Mali libéré ?...
Le 10 janvier 2013, l’armée française, sous votre commandement, envoyait un corps expéditionnaire au Mali pour combattre les djihadistes. Le 2 février, vous vous êtes rendu au Mali pour célébrer l’« immense succès » de l’intervention française. Vous êtes alors devenu, selon la presse malienne, « le héros », « l’icône du libérateur » ou encore « le 334e saint »... A ce titre, sans doute, vous avez semblé vouloir changer les relations franco-africaines. Vous avez parlé de fraternité, de souveraineté, de droits de l’homme et d’une dette historique, dont la France, par cette intervention militaire éclair, se serait acquittée. Mais les mots prononcés à Bamako doivent s’accompagner d’actes pour démontrer que la France en Afrique n’a pas seulement changé de discours.

Le Mali outragé !
A Bamako, vous avez remercié les anciens combattants maliens pour leur engagement au côté de la France lors de la seconde guerre mondiale. Vous avez reconnu qu’à cet égard la France a une dette vis-à-vis des Maliens, ou plutôt « avait » car la récente intervention militaire au Mali aurait permis de « payer » cette dette. Pendant les deux guerres mondiales, 80 000 Maliens se sont battus au côté de la France, 15 à 20 % d’entre eux sont morts. Durant des années, les anciens combattants étrangers n’ont pas reçu de pension et l’histoire de ces soldats a dû attendre la sortie d’un film grand public pour être révélée au grand jour. Certes, vous n’êtes pas responsable des silences et fourberies de vos prédécesseurs. Mais la prudence, l’humilité, la fraternité et le respect dont vous avez parlé auraient pu vous pousser à éviter la formule : « Nous payons aujourd’hui notre dette à votre égard ».

Le Mali brisé !
La France a plus d’une dette à l’égard du Mali. En 1968, la France est le deuxième créancier du Mali. Entre 1968 et 1980, le stock de la dette du Mali augmente de 175 % et le service de la dette de 218 %. Au début des années 1980, le Mali connaît une crise de la dette, le FMI impose alors un plan d’ajustement structurel (PAS) qui consiste à abandonner toute politique publique visant à assurer les droits fondamentaux de la population. La France, en tant que puissance créancière, a une part de responsabilité. La souveraineté du Mali est ainsi bafouée au nom du remboursement d’une dette largement illégitime car n’ayant pas servi les intérêts de la population.

Vous avez affirmé à Bamako, que « la France (...) est aux côtés du Mali pour vous accompagner dans le redressement économique ; dans la renaissance de vos services publics, pour l’éducation, la santé, la sécurité ». Pour que le Mali puisse se « redresser » économiquement, il lui faut retrouver sa souveraineté économique. Pour que le Mali puisse faire renaître des services publics, il lui faut arrêter d’appliquer les politiques néolibérales dictées par les créanciers. Le FMI a d’ailleurs lui-même reconnu récemment s’être trompé, l’austérité engendrant la crise et non la croissance.

Afin de légitimer l’intervention française au Mali, vous avez souligné que celle-ci se faisait dans « le respect de la charte des Nations unies ». La même charte stipule que les droits humains priment sur les autres engagements pris par les États, parmi lesquels le remboursement des dettes et aussi l’application des programmes d’austérité. Ainsi la France peut, en se basant sur le droit international, reconnaître l’illégitimité des dettes réclamées au peuple malien et soutenir le non paiement de celles-ci. Voilà l’aide dont a besoin le Mali aujourd’hui : l’annulation totale de ces créances illégitimes.

Le Mali martyrisé !
La souveraineté économique du Mali et son « redressement » nécessitent que le pays puisse disposer librement de ses ressources et de ses richesses naturelles. Si vous avez expliqué que la France ne s’est pas rendue au Mali « pour servir je ne sais quel intérêt », vous n’êtes pas sans savoir que les intérêts français y sont nombreux et que la formule est peu convaincante. Le Sahara est considéré depuis la colonisation comme un espace particulier en raison des nombreuses richesses de son sous-sol. La France y a des intérêts colossaux, notamment pour assurer son « indépendance énergétique » en assurant la sécurité de la région, puisque près de 40% du combustible des centrales françaises proviennent des sites d’Arlit et d’Imouraren (au Niger voisin) exploités par Areva.

Mais le Mali libéré ?...
Monsieur le Président, vous aviez déclaré en 2012 que « le temps de la Françafrique est révolu ». Tant que la dette et le pillage des ressources maintiendront le peuple malien dans l’extrême pauvreté, le privant de ses droits fondamentaux, le Mali ne sera pas libre. Le Mali ne sera pas non plus en paix. Vous avez beau déclarer « ne pas laisser un seul espace territorial du Mali sous le contrôle des terroristes », ils ont un terreau fertile : la pauvreté. C’est bien cela qu’il faut éradiquer et c’est en territoire politique français que cette guerre-là doit être menée.